L’écrit m’est le moyen d’expression le plus naturel, le seul que je crois maîtriser suffisamment pour expliquer mes sentiments ou mes réflexions, la langue du silence, des mots qui tissent une toile chaque jour plus affermie. Une passion que je ne partage guère avec mon entourage réel, hélas. Ni virtuel. Pourtant, la littérature demeure constamment au centre de mon existence. Il ne s’agit pas simplement de lire, et d’écrire, mais de penser, de créer et réfléchir à partir de matériaux, d’inspirations pour enrichir son univers intérieur et extérieur. Analyser, et comprendre, décrypter et dépeindre. Mes études sont un apprentissage constant de la société et de l’humanité. J’ajouterais même que la littérature est une vocation, parce qu’elle bâtit et élève mon existence depuis l’enfance, sans le moindre doute, la moindre défaillance.
Tout comme le pensait un philosophe roumain, Cioran, tout ne doit pas être couché sur papier –expériences, sensations – car si la matière emplie l’esprit, le lyrisme se forge et les pensées s’approfondissent, enrichissent la spiritualité. Mais je viens pourtant ici partager quelques réflexions sur des œuvres, des sujets, l’art parce que tout s’accumule et déborde hors de moi. J’aurais besoin de temps, besoin de patience pour trouver à nouveaux les mots, parvenir à constituer des textes comme autrefois, riches et sentimentaux, car à trop se confiner au silence, au refoulement, au refus de l’expression, ce qui germe intérieurement envahit les murs comme le lierre et étouffe l’essence originelle de l’individu, masque les évènements, anéantit la mémoire. Choisir de ne pas se souvenir, ou au contraire de rappeler les évènements, choisir de retrouver les souffrances et de les clarifier. Depuis des mois, je fermais les yeux, depuis des mois je ne savais plus communiquer. C’est ici que je tenterai d’y remédier.